Devant la grotte se trouvait une manchot...

...et cette manchot se nommait Herodiade. Une jeune femme de dix sept ans détruite par la vie. Rien de bien surprenant a cette époque. Tout n'était que pauvreté et maladie pour les paysans qui se tuaient a la tache pendant que les riches vivaient heureux dans leur antre royal. Au dessus de tout et même des lois.

Bref tout ça pour dire que la jeune femme venait d'arriver devant une taverne. Une taverne perdu au milieu d'on ne sait où. L'orientation n'était pas le fort de la brunette et la chance de trouver au hasard quelque chose équivalait a un signe du très haut. Ce qui était rare vu qu'il ne lui avait jamais adressé un regard ni un coup de pouce dans sa vie. Pourtant la jeune femme ne perdait pas espoir et continuait a voir en lui un sauveur. Le seul et unique a pouvoir faire quelque chose pour elle.

Cachait comme toujours sous son châle, la dame de dix sept ans (oui elle a perdu ses ailes depuis quelques années mais c'est une autre histoire) le tortille de son unique main gauche. Elle a le visage défait par le voyage et son teint maladif la rend fragile. A moins que ce ne soit son corps maigre et sans muscle qui renforce l'image. Le tableau est peu glorieux a voir. La plus part des gens qui passent ne la voit pas, elle n'a rien qui fait qu'elle attire l’œil et pourtant elle est bien là. Perdue comme une potiche. Ne sachant pas où aller comme toujours...

Un bandit manchot ? Un léger haussement de sourcil passe sur son visage mais assez rapidement pour ne pas être de trop remarquer. Dès que la vieille femme s'était approchée d'elle, Héro avait baissé ses yeux vers le sol. Elle ne voulait pas paraître arrogante, pas montrer qu'elle pouvait la défier pour X ou Y raison. Il manquerait plus qu'elle pense qu'elle veut se battre et la, la gosse se ferait massacrer a coup sur.

Puis c'était quoi cette histoire qu'elle serait une brigand ? Elle ? Peuh rien de tout ça. Juste une gosse paumé qui ne sait plus où aller et qui en a déjà trop vu. Le souffle de la vieille se fait sentir sur son museau et elle le fronce légèrement. L’hygiène n'étant pas le fort de l'époque la pauvre sentait la vinasse et le renfermé moisi. Rien d'alléchant...  

Puis la vieille lui proposa de secouer son bras ? Mais elle était pas bien ? Peut être que c'était du a son âge ? La pauvre femme perdait la boule sans doute. A quoi ça servirait de secouer son bras ? Elle l'avait bien entendu marmonnait mais si il tombait des écus de ce bras gauche pour sur qu'elle le serait ! Mais si elle voulait le faire au tant l'y autoriser que de se faire battre pour si peu.

Mais elle nu pas le temps de finir sa phrase qu'elle fut couper par un homme. On lui avait bien fait comprendre que quand un homme parle, il fallait le laisser faire et surtout s'effacer devant lui. Ce qu'elle fit. Les mots moururent sur ses lèvres et elle le laissa rabrouer la vieille. Les yeux toujours fixés sur ses chausses poussiéreuses, elle laissa ses joues se tinter de rose lorsqu'il lui adressa la parole.

La main sur sa bouche, Héro ouvre grand ses yeux et les pose dans ceux du brun. Mais dans quoi encore c'était elle fourrait ? La peur commençait a monter en elle. Qui pouvait l'entendre ? Était ce si grave que ça de dire qu'on était seule et perdue ? Ca jamais personne ne le lui avait dit... Zut de zut voilà qu'elle ne savait plus quoi faire. Et les prunelles de l'homme la perturbe au plus haut point.

Puis il veut l'emmener dans sa demeure ? Ses yeux s'ouvre encore un peu plus et elle se met a trembler légèrement. Pas que l'homme soit déplaisant au contraire mais ses vieux démons remontent a la surface et l'effraye un peu plus si c'est possible. La vieille en rajoute un peu et ses noisettes vont de l'un a l'autre. Jusqu’à qu'elle se souvienne que cela ne se faisait pas et pouvait là aussi être mal interprété. Déjà qu'elle avait dévisagé l'homme si en plus elle se mêle de ce qui ne la regarde pas on ne donnerait pas cher de sa peau.

Ses yeux a nouveau fixés au sol, le corps tremblant beaucoup moins, Héro écoute la voix de la vieille. Boire un bolet de tafia ? Qu'est ce que c'était ça aussi ? Elle avait vécu déjà beaucoup de chose et vu trop de chose mais il lui manquait encore pas mal de chose a voir... Elle allait devoir subir ce moment car elle ne voyait pas comment se sortir de là. Surtout que la bonne femme parlait déjà de la donner a manger aux corbeaux. Son rire lui fit froid dans le dos.

Posant son regard sur le brun, elle essaya d'avoir un air implorant ce qui ne fut pas trop compliqué vu son état actuel. Prendre la parole pour emmètre un souhait était assez impressionnant. Faisant une courte prière pour qu'on ne lui fit pas de mal pour son audace elle finit par lâcher.

Voilà bien montrer qu'on est pas une prétentieuse ingrate et enchaîner. Et un mensonge est lancé sans réfléchir. Si ils s'en aperçoivent que lui feront ils ? Son doigt pointe un endroit au hasard et avec la chance qu'elle a, ce sera une étendue d'eau ou un chemin qui mène nul part.

Un regard a droite a gauche et voilà qu'une brune entre en scène. Non mais la totale. Une bande de brigand si elle avait bien compris qui vivait dans une grotte et qui avait bien rodé leur truc. La vieille vient en premier pour amadouer la proie, le beau gosse suit pour faire fondre la donzelle et la brune referme le piège sur la proie. A bien y réfléchir ça pouvait faire une super histoire. Une histoire ou elle ne serait qu'un pion qu'on déplace selon l'envie de la brune et de ses deux acolytes.

Bon sang de bon soir dans quoi s'était elle fourrée ? Il ne lui avait pas encore fait de mal certes mais qu'est ce qui lui disait qu'il n'allait pas lui en faire sous peu ? Réfléchissant a ses maigres biens, Héro fini par conclure qu'elle devrait sans doute donner ses fripes pour avoir la vie sauve. Les yeux fixait sur la table , la gosse pose sa main sur son genou et murmure doucement.

Se rappant un peu la gorge elle enchaîne très mal alaise et ayant peur de la réaction de ses compagnons. Rougissant d'avance a l'idée de se retrouver nue comme un ver.

Tout ce monde au tour d'elle, toute cette animation l’enivre elle qui n'avait connu que des salles froides ou elle était la plus part du temps seule. La tout était le contraire, tout le monde se pressait au tour d'elle et elle n'arrivait pas a savoir si il lui voulait du bien ou du mal. Le malaise grandissait encore en elle si c'était possible et son teint devenait verdâtre.

Ne vomi pas ma fille, ne vomi pas... Tout va bien se passer, tout devrait bien se passer... Non ? Un regard vers la vieille qui la soupçonne d'être une espionne, un autre vers le coutelas, le sang quitte définitivement ses veines et son cœur cesse de battre tout comme l'air refuse d'entrer vers ses poumons. S'en était de trop pour Héro. La vie la quitte un court instant et son front vient percuter la table. Le corps chute de la chaise comme une poupée de chiffon.

Quand les yeux fixe un endroit et que le malaise vient ben le corps suit la direction des yeux... La vie est ainsi faites et la pétocharde qu'elle était ne supportait pas au tant de pression. Maintenant qu'elle était dans les vapes il pouvait bien lui faire ce qu'il voulait. Elle ne s'en rendrait absolument pas compte... Adieu monde cruel !

Et une beigne. La tête part a gauche avant que la copine vienne s'écraser contre sa joue pour lui renvoyer sa tête a droite. Pour sur qu'ils savent y faire pour réveiller quelqu'un. Héro n'entend pas les discussions un peu agacée au tour d'elle, elle ne se rend compte de rien. Ni de l'haleine pourri des uns, ni les ordres des autres. Tout ce qu'elle sent c'est ses joues rougies par les baignes qui chauffe encore.

Une chose était certaine c'était qu'elles avaient eu pour effet de la ramener un peu dans la réalité. Papillonnant des yeux, elle a l'impression d'avoir cauchemardé. Que tout ce qu'elle venait de voir n'avait été qu'un jeu de son esprit qui voulait encore la torturé. Une chose était certaine c'était qu'elle était la reine pour ce mettre dans de situation pareil et aujourd'hui elle n'avait pas envie de se rendre compte qu'elle s'était encore mise dans de beaux draps...

Son regard accroche celui d'une rousse penché au dessus d'elle. Il a pour effet de la réveiller d'un coup et de la remettre sur pied. Une véritable décharge d'électricité dans tout son être. S'accoudant par terre de son bras gauche, elle se recule du mieux qu'elle peut vers une destination inconnu. Poussant sur ses jambes le regard affolé, elle finit par se cogner le dos contre le comptoir. Elle était terrorisée et elle ne savait plus ou se mettre. Si elle était une souris elle se serait mis dans un tout petit trou et elle aurait fait en sorte de se cacher a jamais de ces chats.