"Le Purgatoire des Anecdotes" : Taverne d’Outre Tombe …

RP, une fois n’est pas coutume, exclusivement réservé aux personnages morts et décédés ! Les infirmes, les agonisants et les biens portants seront refoulés sans ménagement par le service de sécurité.
En revanche, que vous ayez été pendus, noyés, étranglés, lapidés, décapités, défenestrés, poignardés, trucidés, écartelés, que cela soit arrivé il y a 10 jours, il y a 10 semaines ou il y a 10 ans, si vous êtes mort, il vous reste certainement un ancien complice à saluer ou une dernière histoire à conter. Profitez en car au-delà du purgatoire, tout ce qu’il restera c’est l’oubli …

"Le Purgatoire des Anecdotes" : Taverne d’Outre Tombe …

L’endroit était des plus banales, quelques tables entourées de banquettes en cuir et de chaises en bois, des lumières tamisées pour une ambiance chaleureuse et feutrée, au mur, quelques affiches vantant les vertus de telle ou telle bière ou autre grand cru de cognac. Dans le coin, près de la cible de fléchettes, une série de photos témoignant du passage en ces lieux de quelques célébrités avaient étés soigneusement encadrées ...

Pour l’heure, la taverne était vide … Enfin, vide de client du moins car, derrière le bar, face à l’entrée, le grand maure était confortablement accoudé au comptoir, un verre devant lui, la tête semblant correctement ancrée sur ses épaules (la magie de l’au-delà sans doute …). Ses yeux étaient rivés sur le large écran HD sur lequel se jouait le troisième match Canadiens Vs Bruins pour le deuxième tour des séries de la conférence Est …

Markov, qui passe à Subban, Subban qui pivote, il accélère, tente une feinte au dépend de Lucic, passe à René Bourque dans l’enclave, lancé frappé et … DONG !!! … Ooooh ! Il a frappé le poteau !!!

CIBOIRE !!! S’écria le maure en abatant violemment son poing sur le comptoir …

Comme quoi, la religion … Parce qu’entre nous, me semble pas qui ni Aristote, ni Christos, ni Averroès n’aient un jour évoqué la possibilité que le purgatoire puisse être situé au beau milieu du pays des caribous. Enfin bon …

Le fin cognac tanguait encore dans son verre quand la porte lentement s’entrouvrit …

Brrrrrrrrrrrrr … C’est dingue c’qu’on s’les gèle dans c’bled !

Derrière la jeune femme, emmitouflée des pieds à la tête, déjà, une deuxième silhouette se profilait …

Oui, pis pas n’importe laquelle de silhouette, une silhouette colossale ! Celle du Gros Bob !

Même si, en l’instant présent, tout grelottant qu’il était, les bras ballants tel un zombie, l’avait plus l’allure d’un manchot constipé qu’celle d’un valeureux guerrier l’Bob.

J’te jure. J’sens même p’us mes arpions ...

L’est où l’feu ?

Akeem toisait les deux intrus d’un regard qu’il était difficile de qualifier d’ « accueillant » … Ces deux crétins n’allaient tout de même pas lui faire rater son match !

Devant l’entrée. l’gros Bob grelottait toujours autant.

Pis même mon p’tit doigt j’le sens p’us …

L’est où c’foutu feu ?

L’ignorant totalement, Donna s’approcha d’une table pour balancer sur la banquette l’épaisse couverture qui lui avait couvert les épaules durant le trajet. Elle continua ensuite à se dévêtir méthodiquement … D’abord les gants, puis une première écharpe, puis son gros mantel puis …

Sur l’écran HD, Plekanec écopait d’une stupide pénalité en zone offensive pour coup de bâton, deux minutes de cachot … Le coach fulminait.

Étrangement, la voix du commentateur semblait s’estomper aux abords des oreilles du maure qui avait reporté toute son attention sur l’allure des deux visiteurs enfin … plus exactement, sur l’allure des poches et l’allure des bagages des deux visiteurs … déformation professionnelle … Que voulez vous ? Brigand un jour, brigand toujours ! Même au purgatoire on ne se refait pas !

... Puis une deuxième écharpe, puis son gros bonnet de laine. Donna secoua ensuite énergiquement la tête afin de démêler ses longs cheveux.

Elle daignât enfin adresser un regard en direction du comptoir et … du taulier …

Crévin … Ak… ?

Akeem demeura tétanisé, à peine l’espace d’une seconde.

Il tenta ensuite de se rabattre sur son cognac, afin de se redonner un peu de prestance mais, manqua de peu de s’étouffer. Dans un éternuement aussi disgracieux que salvateur, le précieux liquide jaillit de sa bouche pour se répandre en fines gouttelettes sur le comptoir …

Mé... Médina ? Parvint-il finalement à balbutier …

L’gros Bob commençait à perdre patience quand, lui aussi se tourna vers le tavernier.

Bon dieu l’est où c’foutu … Crévindiou ! L’proc maure !!!

Ou peut être bien « L’proc mort » … Aucune idée de c’qu’avait exactement en tête l’gros Bob au moment où il avait prononcé ces mots…

Tel un jeune éphèbe que, depuis longtemps déjà il n’était plus, Akeem bondit par-dessus le comptoir pour rejoindre son ancienne élève. D’abord il se planta devant elle, la détaillant des pieds à la tête.

Eh bien ma jolie, j’vois que la vie t’a laissé le temps de devenir un beau brin de femme avant de t’envoyer trainer par ici !

Puis il écarta les bras, un large sourire aux lèvres …

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