Le Farfa tuait le temps en f'sant rôtir du maïs. Maïsso maïsso ! Mais c'est plutôt le temps qui l'tuait, y s'faisait chier comme un rat mort !
Y vit personne entrer dans l'grotte, personne sortir..
Bizarre ça, pis j'entends rien nan plus. Avant ça s'bastonnait dans tous les coins, souvent pour rien.
Dans son p'tite tête y vit qu'deux explications possibles. Soit les brigands s'étaient trouvés une aut' cachette, celle-ci étant dev'nu plus une taupinière qu'une grotte. Ben potib' toussa. Soit l'descendant de Levan II avait mené à bien l'queste de son aïeul, à savoir éradiquer d'la populasse les joyeux brigands. Cette menace ô combien vivace à l'époque, où les châteaux tombaient comme des mouches approchant l'derche de Brisey. L'paradis des bisounours avait p'têt vu le jour, voilà qui avait d'quoi donner l'gerbe à plus d'un ancien combattant.
Monde de défection !
Mais l'Farfa voulait pas en rester là. Y s'approcha d'la grotte et gueula comme un putois :
YA KELKUUUUN ?!
Une voix caverneuse lui répondit.
TA GUEULE, JE DORS !
Bon, y restait au moins un pelo dans les parages. P'têt que les aut' étaient partis à l'assaut d'une mairie, d'une taverne ou d'une quelconque cabane au fond du jardin. N'oublions pas que le saint Smecta n'était toujours pas inventé.
Y r'tourna à son maïs vu qu'ça sentait franch'ment l'cramé, s'rassit pour attendre. Après tout du temps il en avait à r'vendre et cette notion n'était plus du tout l'même qu'à ses vingt ans. Ni même qu'à ses quarant' d'ailleurs.