La Grotte des Joyeux Brigands
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 Le Receleur de Provence

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Le Joker
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MessageSujet: Le Receleur de Provence   Le Receleur de Provence EmptyDim 01 Sep 2013, 22:57

Bien conscient du caractère égocentrique que peut connoter la rédaction de son autobiographie, Le Joker se saisit d’une plume et d’une feuille, se torcha avec sa conscience, et puisqu’il profitait d’un rare moment de lucidité, commença sa besogne.

Citation :
Par respect pour le lecteur, je tiens à préciser que ce qui suit n’a pas l’ambition d’être intéressant ou palpitant, bien au contraire. Ce récit risque d’être long, chiant et fastidieux car c’est le lot de toutes les autobiographies.

Au lecteur qui aura la foi de la lire jusqu’au bout, je t’en félicite –et te plains un peu d’avoir perdu ce temps précieux où tu aurais pu te rendre utile au lieu de lire ce tissu de conneries.

Au lecteur qui aura abandonné avant même la fin de ce préambule, je te félicite également car tu auras tiré quelques enseignements du paragraphe précédent.

Et si malgré ces mises en garde tu as décidé de gaspiller ton temps à lire cette autobiographie, laisse-moi te raconter comment j’ai gaspillé le mien au travers d’une vie qui je l’espère n’est pas encore terminée.

Je ne m’éterniserai pas sur mon enfance mais je vais m’y arrêter un instant car elle va permettre de cerner, ou du moins d’entrevoir les raisons qui mènent aux péripéties qui rythmeront ce récit.

Je suis né en Provence, à Brignole, le 3 juillet 1414. Mes parents sont deux personnages assez représentatifs de la société du début du XVème siècle. Ma mère, une jeune femme aux mœurs un peu légères et à l’éducation douteuse s’affaire  chaque soir –malgré ses 16 ans en 1414- dans les tavernes à ivrognes à satisfaire les besoins physiques de quelques clients aux mœurs tout aussi légères. Mon père, –ai-je besoin de le préciser ?- est un de ces ivrognes qui chaque soir fréquentent les tavernes à la recherche d’une jeune femme aux mœurs un peu légères et à l’éducation douteuse prête à s’affairer à satisfaire les besoins physiques de ses clients.

Ceci constitue très certainement une introduction à une idylle des plus romantiques, tout le monde en conviendra.

Fruit de cette romance : votre serviteur ! Comme je le disais plus tôt, je suis né à Brignole à l’été 1414. Mes parents se sont mariés pour ne pas mettre au monde un bâtard et diront que je suis étonnement né avec deux mois d’avance en espérant duper leur monde. Je grandis dans la chaleur d’un foyer familial aimant, même si chacun de mes deux parents n’a cessé ses habitudes de débauches en taverne. J’ai alors 5 ans quand mon père ivre mort surprend ma mère avec un autre homme au domicile conjugal –malgré ma présence. Aveuglé par l’alcool et la colère, il poignarde ma mère et son amant pour passer ses nerfs. S’en suit une longue soirée en tête à tête avec mon meurtrier de père, le cadavre de ma dépravée de mère gisant sur le sol, tout comme celui de son pervers de compagnon. Toujours alcoolisé et effrayé de ne plus jamais voir sourire son fils, mon père s’est alors saisi du couteau qu’il avait utilisé pour son crime, me l’enfourna dans la bouche pour me dessiner un sourire indélébile. Ce qui me laissa deux cicatrices aux commissures des lèvres, cicatrices qui firent de moi un pariât pendant mon enfance et qui participent à ma réputation depuis mes débuts dans le grand banditisme.

Par la suite, j’ai grandi avec mon père à Brignole jusqu’à sa mort. J’avais à presque 13 ans quand il est mort –à cause de maladies, un mélange entre la syphilis et la peste, ou une saloperie du genre. J’ai alors élu domicile dans une taverne tenu par des gitans dans les mauvais quartiers de la ville. C’est eux qui m’ont appris à compter et à lire, moyennant un service quotidien dans leur auberge. Mais comme chacun le sait, les gitans ne restent jamais en place bien longtemps et ils ont pris la route un peu plus d’un an après notre rencontre. J’ai vécu dans la rue avec un vieux clodo nommé Galus qui piquait tout ce qu’il pouvait sur le marché depuis des années. Mais comme chacun le sait, les vieux clodos ne restent jamais vivants bien longtemps et il est mort quand je devais avoir 19 ans.

A cette époque-là, je n’avais pas encore choisi la voie du banditisme –et encore moins celle du recel, ne sachant même pas l’existence de ce mot !

Il me semble que je n’avais pas plus de 50 écus en poche, deux miches de pain et des haillons sur le dos quand le vieux Galus est mort. Et –honte à moi- j’ai décidé d’aller travailler à la mine pour gagner un peu de pognon et pour essayer de m’élever socialement. On est tous passé par-là.

Enfin bref, à force de piocher des cailloux comme un taré dans les mines, j’ai fini par avoir assez d’or de côté pour ouvrir ma propre taverne, « La taverne d’Ali Baba » en référence à un conte arabe dont parlaient les gitans qui m’avaient appris le métier.

Dans ce conte, il existait une caverne recelant d’innombrables richesses, tout ce dont un homme pouvait rêver. Ce qui collait parfaitement à la philosophie que je voulais donner à ma taverne, en faire un lieu où tout le monde voudrait se rendre pour les richesses qui s’y trouvent. Et très vite, cette taverne est devenu le repère de tous les bandits du coin, à croire que j’ai toujours attiré les mauvaises fréquentations. Et je peux dire que c’est là que tout a vraiment commencé.

Je me suis très vite lié d’amitié avec un brigand qui séjournait à Brignole et qui passait son temps dans ma taverne à insulter tout le monde. Le gars se surnommait Tik –« 1tik_the_takab » de son vrai nom (et si tu ne connais pas Tik au moins de nom, tu ne connais rien du brigandage, alors profite de cette petite parenthèse pour aller te jeter d’une falaise). Tik attendait un ami à lui qu’on appelait « L’salaud », va savoir pourquoi.

Bref, on a passé une quinzaine de jours à déconner quotidiennement jusqu’à l’arrivée du Salaud et ils ont dû juger que je n’étais pas fait pour être du côté des gentils parce qu’ils m’ont soumis une idée qui a changé le cours de ma vie, jusqu’alors misérable. Ma taverne était toujours pleine et je gagnais correctement ma vie, j’avais un peu d’argent de côté, mais Tik et L’salaud qui avaient un tas de saloperies volées à vendre m’ont proposé de devenir leur receleur attitré. A l’époque c’était une profession méconnue, même chez les bandits, si bien qu’il n’y avait pas ou très peu de receleurs dans le royaume. Ils ont parlé de moi à leurs connaissances, disant qu’il y avait un type en Provence qui rachetait toutes leurs cochonneries à de bons prix et qui pouvaient leur fournir des marchandises en grosses quantités assez rapidement. Et c’est comme ça que je suis devenu dans le jargon du brigandage « Le receleur de Provence ». Je parierai même qu’à la base j’étais même « Le receleur de Provence qui rachète les merdes que t’as piqué et qui te trouve un laisser-passer pour la Provence peu importe ton nom », mais c’était un peu long.

Ceci dit c’était vrai, je m’étais fait un petit nom en Provence, et si je m’étais lié d’amitié avec toute la racaille notoire de Provence et d’un peu plus loin, je m’étais fait quelques amis bien placés dans le Comté, notamment le maire de Brignole qui est devenu par la suite Procureur de Provence pendant x mandats –je tairai son nom ici, car même s’il est mort aujourd’hui, ça risquerait de « salir » sa mémoire si je racontais que c’est un peu à cause de lui si les assaillants du château de Montpellier ont pu se casser en Italie et garder leur butin…

Car quelques mois après ma rencontre avec Tik et L’salaud, peut-être 6 mois, une bande de 15 gugus font les gros titres de l’AAP pour ce qui est depuis cette date le plus gros casse de toute l’Histoire avec un grand « i » ! La prise du Château de Montpellier et 10 000 écus détournés à la mairie de Narbonne pour un montant total estimé à près de 460 000 écus, le tout partagé en 15. Si je ne m’abuse. Parmi les bandits qui ont pris possession du château, un certain « Tik » a pris le fauteuil de procureur et s’est amusé à mettre la noblesse Languedocienne en procès, un certain « L’Salaud » peut se targué d’avoir été nommé Capitaine des armées du Languedoc, un certain Serrallonga pourra dire qu’il est l’être vivant à avoir gardé un mandat comtal le plus longtemps, record absolu puisqu’il ne l’a rendu que récemment. Encore une fois, si je ne m’abuse –pas d’offense Serra ! Le désormais très célèbre Briseys faisait également partie du lot, Briseys dont j’aurai l’occasion de reparlé tant j’ai vécu d’aventures avec le lascard.

Seulement lorsqu’on vole 460 000 écus à un Comté, qu’on ridiculise les notables et l’armée, il faut s’attendre à des représailles. Et il existe malheureusement en France –comme ailleurs vraisemblable !- ce que l’on appelle une saloperie de traité de coopération judiciaire qui fait que l’on peut mettre en procès un individu dans un comté ou duché pour un méfait qu’il n’a pas commis sur le territoire de celui qui engage la procédure. Et c’est là que j’entre en jeu et c’est pour cette occasion que l’on m’a surnommé Le Joker.

Le chef de la bande de Montpellier, Overman de son véritable nom –et celui qui avait eu l’honneur de pouvoir s’assoir sur le trône du comte du Languedoc après l’assaut- avait épuisé toutes ses ressources pour fuir en toute sécurité lui et ses compères. C’était sans compter sur le Tik qui dans une lettre que j’ai lu par la suite a tenu ses mots à son ami Over « Il nous reste un dernier joker, le receleur de Provence peut nous avoir des laisser-passer pour la Provence » le but étant de filer en Italie, n’existant à l’époque pas de traité de coopération entre deux royaumes. J’ai obtenu les laisser-passer de par mon ami procureur de Provence dont j’ai parlé plus haut, et le gang de Montpellier a traversé la Provence pour gagner l’Italie. C’est à cette occasion que j’ai rencontré ceux qui sont aujourd’hui des légendes du brigandage et que je suis devenu Le Joker de toute cette bande de joyeux brigands. Je suis arrivé à la Grotte à leur coté et c’est comme ça qu’ils m’ont présenté à la populace du grand banditisme, « voilà Le Joker, receleur de Provence ». Pour vous servir.

Maintenant, j’imagine que le lecteur qui a eu la foi de lire jusqu’ici se demande comment est-ce possible d’obtenir des laisser-passer pour des brigands dont les noms figurent sur tous les journaux parce qu’ils viennent de faire le plus gros braquage jamais connu… Question légitime. Un magicien ne dévoile jamais ses secrets. Mais je ne suis pas magicien alors :

Le secret, c’est l’argent, un peu de savoir-faire et du bagou. Je me suis renseigné auprès de mon ami procureur des besoins du comté de Provence en fer, en bois et en pierre, et je lui ai demandé à quel prix ils achetaient ce genre de marchandises en général. Une fois connaissance des prix, je lui ai dit que s’il voulait je pouvais faire un joli geste pour le comté et lui vendre en quantités faramineuses toutes ces marchandises si rares au prix minimum, moyennant des laisser-passer pour 15 personnes. Autant dire qu’il a compris tout de suite de qui il s’agissait et la provenance des marchandises, mais le mot « faramineux » avait semé un petit démon dans son esprit qui allait le titillé continuellement. Parallèlement à ma négociation avec mon ami Procureur, je détaillais à Overman et Tik les modalités qu’ils allaient devoir respecter pour foutre le camp du royaume. Pas de vague en Provence, me vendre toutes les pierres, le fer et le bois qu’ils avaient, et surtout, faire de moi le receleur de tous les coups qu’ils feraient. Une fois la quantité de pierre, de fer et de bois en tête, je me suis adonné à un petit calcul et j’ai envoyé un petit tableau à mon ami Procureur détaillant les économies que la Provence pouvait faire  en achetant la pierre à ce prix-là, et surtout les bénéfices qu’ils allaient faire à la revente du fer et du bois. Je ne me souviens plus exactement des chiffres mais c’était de l’ordre de 70 000 écus de bénéfice, et j’ai bien dit bénéfice. L’appel du gain étant trop gros, mon ami m’a mis en relation avec la comtesse de Provence et je lui ai expliqué le projet. Etrangement, elle n’a pas été hostile envers moi une seule fois et elle était non seulement séduite à l’idée d’encaisser 70 000 écus mais elle était tout particulièrement enchantée de faire chier le royaume de France en laissant s’enfuir les joyeux brigands. Elle accepta le marché et envoya à chacun des 15 assaillants un laisser-passer nominatif pour la Provence. Cerise sur le gâteau, en guise de remerciement pour cette affaire, le comté me racheta le bois non pas à 2 écus comme convenu mais à 2,5 et le fer à 7 au lieu de 4. J’avais alors près de 15 000 écus en poche et une excellente réputation dans le milieu du brigandage. Voilà comment ma carrière de receleur a commencé.

Lecteur, si tu as lu jusqu’ici, sache que tu es atteint d’un syndrome très grave dont je fais les frais depuis des années, il s’appelle la folie. Et à l’heure qu’il est, je fais les frais d’un état tout particulier qui s’appelle la fatigue. Alors pour mettre fin à ce sentiment qui t’habite depuis une quinzaine de minutes et qui s’appelle l’ennui. Je te propose une trêve dans ce récit, que je reprendrais là où je l’ai arrêté pour que tu saches enfin ce qui est advenu du gang de Montpellier, de mes 15 000 écus et qu’enfin on abrège ce suspens intenable qui te tient en haleine depuis le début de cette histoire…

A très vite.

B. dit Le Joker, Receleur de Provence
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MessageSujet: Re: Le Receleur de Provence   Le Receleur de Provence EmptySam 07 Sep 2013, 10:34

Après avoir descendu un demi-tonneau de bière, le receleur fit une petite sieste histoire de récupérer de sa surchauffe cérébrale. Il alla pisser un coup –parce que faut pas déconner, un demi-tonneau de bière quand même !- et se remit à écrire.

Citation :
J’imagine que cet entracte a été bénéfique pour tout le monde –une bonne femme va passer dans les rangs pour vous proposer boissons fraiches et friandises.

Sur ce, reprenons. Je resitue brièvement le récit pour les plus lents d’entre vous. Le château de Montpellier est tombé aux mains d’une clic de bandits –Overman, Serrallonga, Briseys, Tik, Lyss etc.- ils ont foutu le camp en Italie –pour la plupart- en passant par la Provence. De mon côté, je me suis fait des couilles en or en leur trouvant des laisser-passer et en leur rachetant leurs pierres, fer et bois, revendant le tout au Comté de Provence.

A cette époque-là, mon nom est en état de grâce dans le milieu du brigandage, si bien que les bandits pensent que je peux leur trouver tout et n’importe quoi en un temps record. C’est le cas de celui qu’on appelle –ou qu’on appelait, je ne sais même pas s’il n’est pas claqué celui-là- Farfadet. Ce joyeux luron m’avait demandé de trouver pour lui et sa bande, pas moins de 300 morceaux de viande… Il était haut comme trois pommes mais qu’est-ce qu’il pouvait bouffer ! Bref, j’arrivais évidemment à réunir les 300 bouts de barbaque en temps voulus sauf qu’il fallait que je me déplace jusqu’à mi-chemin pour  effectuer la transaction. C’était la première fois que je quittais la Provence, j’aurais mieux fait de me casser une jambe ce jour-là. Deux jours après mon départ, je me suis fait racketter comme un bouseux alors que je voyageais de nuit dans la forêt. Je trainais ma carriole avec toute la marchandise quand une bonne femme a surgi de nulle part une épée à la main en hurlant qu’il fallait pas que je fasse le malin et qu’elle dévalisait tout mon stock de viande… J’ai bien essayé d’expliquer à cette idiote qui j’étais et ce que je faisais dans les bois en plein milieu de la nuit avec 200 kilos de viande mais c’était comme si je parlais à un clébard. Résultat je me suis retrouvé complétement sonné dans un champ, sans ma viande évidemment.  A partir de ce jour, j’ai décidé que je ne voyagerai plus jamais seul avec des marchandises. Il fallait que j’intègre une troupe ou que je me trouve une escorte d’au moins deux types pour aller d’un point A à un point B.

Et c’est comme ça que je me suis retrouvé en face de Farfadet et de ses dix copains, sans leurs marchandises. Heureusement qu’ils étaient sympas et qu’on pouvait régler nos petites affaires à la taverne au tour de bonnes chopes de bière. J’ai donc décidé de faire un geste, sachant que je leur avais fait perdre du temps, en leur promettant 100 viandes au prix minimum la semaine suivante. Pari lancé, je suis vite rentré à Brignole en envoyant des courriers à tout le monde pour qu’on m’escorte une fois que j’aurais récupéré mes marchandises. Une fois chez moi, j’ai dû faire marcher mes néo-contacts pour obtenir la viande et gagner quand même ma croûte –je passe les détails mais ça ressemblait à « je te vends 3 épées à 160 l’unité et tu me vends 20 viandes à 13, et si tu m’en vends 40 à 11, je te vends les 3 épées à 150 et en plus je te rajoute toutes les chemises que tu veux à 90 » etc… Le bandit en question faisait des affaires en achetant des armes et des fringues à un très bon prix et moi je récupérais de la viande pas chère et je faisais une petite plus-value sur mes ventes. Deux jours plus tard, j’ai repris la route accompagné d’un bandit et de mon ami Procureur –bien qu’il ne l’était plus au moment du voyage- pour rejoindre Farfadet et sa troupe. La transaction s’effectua dans les règles de l’Art, les bandits avaient un peu de viande à se mettre sous la dent pendant dix jours et ce pour 70 écus par tête. Si c’est pas beau la vie !

Avec cette troupe de bras cassés, j’ai encore un peu plus élargi mon carnet d’adresse, mais c’est une rencontre que j’ai faite à la Grotte qui a changé la suite de ma carrière.

Parce qu’un bandit normalement constitué, quand il réussit un joli coup, il débarque à la Grotte pour faire partager les copains. Et quand il se fait pourrir la gueule par une connasse au milieu d’un sentier, il débarque à la Grotte pour se plaindre auprès des copains. Moi c’était un peu spécial parce que je m’étais fait pourrir mais j’avais quand même réussi un coup en vendant ma viande à Farfadet. Puis lui il était content… Donc on est arrivé un beau jour, en plein après-midi ici-même à la Grotte pour se saouler la gueule.

A la taverne de la Grotte ce jour-là, y’a une bagarre qui a éclaté. Ca volait à tout va à travers la pièce. Je ne comptais pas me battre –parce qu’en général j’aime pas perdre mon temps et je sors un couteau pour le planté dans le premier venu, et ça me retombe toujours dessus comme quoi j’aurais pas dû tuer un pauvre type juste parce qu’il m’avait regardé de traviolle… Bref, je comptais pas me battre mais c’était sans compter sur cet imbécile de Farfadet qui, quand il avait un coup dans le nez, était d’une violence extrême. Le nabot c’était retrouvé au cœur de la bagarre, comme dans l’épicentre d’une tornade, ce qui m’a forcé à intervenir. J’ai filé quelques coups, j’en ai pris pas mal et quand tout ça s’est terminé, qu’on avait réussi à mettre sur le carreau les fouteurs de "défection", on s’est rassis au bar. Et à côté de moi y’avait un jeunot qui s’était présenté à moi sous le nom de Kandler Le Renard…

Le Renard était un provençal, comme moi. Et c’est notre terre natale qui nous a d’abord réunis. On a parlé pendant des heures du pays, des oliviers, du bruit des vagues, des cigales d’été (on se serait cru dans un Pagnol… pardon). C’était un jeune homme, il devait avoir dix ans de moins que moi pourtant il en connaissait un rayon sur le brigandage. Pour bien comprendre la suite du récit, il est important de cerner la personnalité du Renard car c’est lui qui sera l’auteur des grandes lignes de ma carrière.

Il devait être brigand depuis quatre ou cinq mois quand je l’ai rencontré. J’étais à peine un peu plus expérimenté mais tellement plus riche, et je pense que c’est ça qui lui a plu chez moi. A cette époque, il parcourait les routes avec deux amis à lui pour dépouiller les passants et se faire un peu d’or, et il avait même fait la guerre d’Orléans avec les Bourrins. C’était un brave gars qui avait la particularité d’être un ultra ambitieux, perfectionniste au possible et qui ne pouvait s’empêcher de prévoir son lendemain, une fois, deux fois, trois fois, et d’envisager toutes les possibilités qui s’offraient à lui. En somme c’était un mélange entre un génie et un type complétement cinglé. On a parlé comme ça jusqu’à l’aube, se racontant nos aventures mutuelles. On avait quelques amis en commun mais lui était plus proches des brigands du Nord comme les Bourrins, quand je faisais mes affaires avec les brigands du Sud comme La Casa, des tsiganes au caractère bien trempé –dont le fameux Tik d’ailleurs !

Il se passa bien quatre bons mois avant que je ne recroise Le Renard. Un soir, alors que je trainais dans les couloirs de la Grotte en boitillant –aaaaah les blessures de guerres…- j’ai été accosté par deux bandits assis dans l’ombre en train de picoler une bouteille. En m’approchant, je reconnue deux connaissances : Briseys, un espagnol assaillant du Château de Montpellier à qui j’avais racheté des marchandises et obtenu un laisser-passer, et L’Renard, un parchemin et une plume à la main. Ils m’invitèrent à m’assoir avec eux pour me faire une proposition.

Quand les assaillants de Montpellier s’étaient enfuis en Italie, j’avais demandé à Overman d’être le receleur attitré de toute cette bande de joyeux brigands, Briseys me proposa alors beaucoup mieux. L’Renard projetait d’attaquer la mairie de Montélimar et plutôt que de faire mon boulot habituel, l’espagnol me soumis l’idée de participer à l’assaut, de toucher ma part et d’éventuellement racheter les marchandises qui ne leur servait pas. Je fus séduit par l’idée et L’Renard me tendit son parchemin et sa plume pour me faire signer un contrat –ce qui en dit beaucoup sur le caractère de ce dernier et sur la confiance qu’il pouvait avoir envers tout le monde.

Je fis donc la rencontre de mes futurs camarades de voyage, Briseys et L’Renard évidemment, Hanort, Alystrael, je retrouvais Lyss de Montpellier, qui avait tenté de prendre un château une fois exilée en Italie, et Farfadet avec quelques lascars de sa bande.

Contrairement aux apparences, ce n’était pas Briseys ou L’Renard qui s’occupait de ce pillage mais Lyss qui donnait les directives depuis l’Italie. Nous étions en place à Montélimar quand elle nous fit parvenir une missive détaillant qu’elle ne pourrait pas être là le jour J et qu’il fallait qu’on continue sans elle. L’affaire partait mal. L’Renard reprit l’histoire en route, et je crois que je ne l’ai jamais plus revu aussi stressé que lors de l’élaboration de cette l’attaque. Je me demande même s’il avait pris le temps de dormir. Malheureusement c’était la première fois qu’il organisait ce genre d’entreprise.

La nuit tombée, nous nous sommes réunis dans une ruelle. Les consignes étaient claires, il fallait être discret et surprendre la garde pour expédier l’attaque et prendre possession des lieux le plus vite possible. Le Renard a donné l’assaut, et quand nous sommes arrivés aux portes de la mairie, toute la garde était en place, prête à se battre. Ils étaient trois fois plus nombreux que nous, mais nous avons quand même chargé. C’était une boucherie, on a tué un paquet de gardes et heureusement aucun d’entre nous n’a perdu la vie. Seulement, nous avons été obligés de battre en retraite et de fuir la ville, la milice étant trop bien organisée pour que nous puissions espérer gagner. Ce coup fut un échec mais une bonne leçon. Nous savions qu’il ne fallait laisser aucune chance à l’adversaire, ne rien laisser au hasard et prévoir son coup des semaines à l’avance. En fait c’était Le Renard qui avait raison.

On s’est tous retrouvé le lendemain matin dans un champ, certains ont décidé de tracer leur route de leur côté et d’autres ont décidé de rester soudés. Pour ma part, j’ai décidé de rester avec Le Renard et Briseys, je sentais que le jeunot avait été piqué dans son orgueil et qu’il allait nous sortir quelque chose de grand. On était une petite troupe de six ou sept et on faisait cap vers le Sud-Ouest, je fournissais de la nourriture au groupe, en bon receleur que j’étais, et on passait nos soirées dans les tavernes à picoler et à déclencher des bagarres avec les honnêtes gens.

Encore une fois, il est peut-être temps de faire une pause dans ce récit laborieux. Je vais sûrement finir mon tonneau de bière, je referai une petite sieste –j’irai pisser- et je raconterai ensuite comment on a triomphé à St Bertrand de Comminges, comment j’ai vu mourir mon ami Tik, mon séjour en prison et probablement l’élaboration de la prise du château de Tour. En attendant je vais trinquer tout seul à ta santé, ami lecteur.

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MessageSujet: Re: Le Receleur de Provence   Le Receleur de Provence EmptyMar 17 Sep 2013, 21:43

Après avoir fini sa picole et avoir fait une longue sieste récupératrice –ça devenait un rituel !- le receleur de Provence reprit sa plume pour continuer son histoire.

Citation :
Alors, où j’en étais moi ? J’ai ronqué pendant un plombe, je sais même plus où j’ai les pieds…

Il me semble que je m’étais arrêté à notre échec de Montélimar –et si c’est pas le cas, c’est quand même là que je reprendrai l’histoire, j’ai la flemme de relire le pavé que j’ai écrit, faut être un vrai cinglé pour lire tout ça !

On courrait donc la gueuse dans les tavernes avec L’Renard, Briseys et quelques autres branquignoles dans leur genre en faisant cap sur St Bertrand de Comminges. On devait y retrouver quelques camarades de Montélimar et des nouveaux gars venus exprès de Bretagne il me semble. Pour situer un peu la scène, St Bertrand de Comminges c’est un peu le repère de tous les glandus de France. Ma parole ils sont tous cons comme des chaises là-bas.

En ville, on s’est fait discret jusqu’au soir de l’attaque. L’Renard nous avait bien mis les points sur les « i », expliquant que celui qui ferait foirer le coup pourrait faire une croix sur une quelconque perspective d’avenir, aussi proche soit-elle. Avec le recul, je me rends compte à quel point il avait vite assimilé les leçons de l’échec de Montélimar ; il avait compris qu’il fallait être rigoureux jusqu’au dernier instant, même avec ses amis. Je l’ai déjà détaillé auparavant mais je pense que ce trait de caractère de gars complétement parano obligé de prévoir dix fois la même chose de trente manières différentes était encré en lui. C’était même ce qui le définissait d’ailleurs.

Tout le monde suivit les recommandations du Renard ce soir-là. Mon rôle, au-delà de l’assaut et du coté logistique de l’équipe, était aussi de jeter un œil sur tous les coutumiers des comtés et duchés qu’on traversait histoire que s’il nous arrive un pépin on puisse s’en sortir devant la justice –parce que L’Renard et Bris’ sont de très bons orateurs, presque aussi bons que moi d’ailleurs !... Chacun fit son boulot correctement et de bon matin, on était en train de fêter notre victoire dans le bureau du maire. Fête qui fut interrompu par la mise en procès des plus charismatiques d’entre nous, notamment Tik, L’Renard et moi-même.

Mais comme je l’ai dit, chacun avait bien fait son boulot… Ce fut pas difficile d’innocenter Tik pour vice de forme : il s’appelait officiellement 1tik_the_takab et la procureur dont le nom m’échappe aujourd’hui, avait accusé « messire 1tik_kebab » -je vous ai dit qu’ils sont complétement cons là-bas !!

Le Renard quant à lui maitrisait également le coutumier et comme Tik, il s’en est sorti en soulignant tous les vices de forme de son procès. Pour ma part, le procureur n’a pas eu la bêtise de refaire les erreurs qu’il avait faites lors des précédentes mises en accusation, si bien que j’ai dû falsifier des documents pour être innocenté. J’avais été assimilé aux assaillants de la mairie car je faisais à l’époque partie d’une « liste noire » que s’échangeaient les comtés, faisant preuve d’une tolérance 0 avec les listés. Aucun garde ne m’avait reconnu –grâce au maquillage que je porte lorsque j’apparais sous mes traits de brigands pardi- ce qui m’a permis de berner mon monde assez facilement.

Mon procès ayant duré plus longtemps que celui des autres, je suis resté seul dans la ville des surdoués pendant que les autres faisaient route vers le Nord. Heureusement, en bon copain qu’il était, Tik m’attendait aux portes du Rouergue pour qu’on fasse la route ensemble, histoire de raviver notre vieille amitié. Le procès fini, je rejoignais Tik pour notre petit voyage. On était bien armé, et j’avais des marchandises à gogo, on était plein de pognon –à tel point qu’on avait du mal à marcher.

Ce pognon, on l’avait accumulé grâce à nos coups respectifs. Lui parce que depuis Montpellier où il s’était fait des couilles en or massif, il avait amassé encore plus d’or avec sa bande, Les Gusas, et moi parce que j’étais de mèches avec eux pour leur racheter les invendables à prix mini pour ensuite les revendre la peau du cul aux comtés et duchés voisins. Je parle pas trop de mon activité de receleur même si c’est 80% de ma vie, mais c’est surtout du commerce, de l’arnaque et pas mal de politique… Rien de très intéressant. Mais bon, je ferai quand même un chapitre dédié à mon métier qui est, faut le dire, sacrément chouette.

Si Tik était connu de tout le monde pour ses pillages –et un peu pour son humour- j’étais connu de tout le monde grâce à mon activité de receleur –d’aucuns d’iront « et un peu pour sa folie »…

Et c’est parce qu’on était connu de tout le monde qu’en arrivant en Rouergue, les douaniers ont donné l’alerte à l’armée, qui s’est empressé de charger sur nous. A 40 contre 2… Ça fait du 20 contre 1, c’est un bon ratio de gros lâches. Autant dire qu’on s’est fait démolir même si on a pu tuer quelques soldats, on n’a malheureusement pas pu s’en sortir. Après avoir pris un coup d’épée dans les jambes, je me suis écroulé en regardant Tik encore debout, moulinant comme un bourrin au milieu d’une douzaine de soldats. Je sais pas s’il en a pas tué la moitié. Les gardes l’ont sommé de se rendre, à quoi il a évidemment répondu à ces fumiers d’aller se faire foutre, à quoi ils ont évidemment répondu par un coup d’épée dans le bide. Celui qui m’avait lancé dans cette aventure, mon meilleur ami s’écroula, traversait de part en part par l’épée d’un garde. J’ai appris plus tard qu’il n’était pas mort sur le coup et que des bandits avaient essayé de le soigner. Même avec les jambes en lambeaux, je me suis relevé pour venger celui que je peux aujourd’hui appeler mon mentor. Je me dirigeais vers celui qui l’avait tué avec l’intention d’étriper cette raclure quand je reçus une flèche d’un autre garde, conscient de ce que je m’apprêtais à faire. Je me suis étalé comme un flan et réveillé dans une cellule de Rodez quelques jours plus tard.

Je me suis ensuite rendu à mon procès, avec des difficultés respiratoires et dans l'incapacité de me déplacer seul. Un procès perdu d’avance puisque j’étais accusé de haute-trahison, recel, escroqueries et, cerise sur le gâteau, de trouble à l’ordre public à cause d’un message d’insultes envoyé à l’ensemble de l’OST du comté.

J’ai fait mon temps en prison. Aujourd’hui je ne saurais même pas dire combien de temps je suis resté. Une chose est sûre, je suis sorti et à l’heure où j’écris cette histoire, je sais que j’ai fait payer au Rouergue ce qu’il m’a fait et ce qu’il a fait à Tik. D’ailleurs, aujourd'hui j’y habite pour ceux que ça intéressent.

Après ce triste épisode, toutes mes connaissances ont repris contact avec moi, que ce soit chez les brigands où chez les « gentils ». Et Le Renard avait un projet en tête, le château de Tour, son premier château. Notre premier château !

Ceci dit, j’ai bien conscience que cette partie du récit de mon incroyable vie était assez chiante, alors même si j’avais prévu de le développer cette fois-ci, je pense que ça sera plutôt pour la fois prochaine. Ca intéresse surement tout le monde mais je ne suis pas en grande forme malgré ma sieste récupératrice, j’ai dû choper un coup de froid. Faut dire que les vieux ça s’enrhument vite quand même !

Allez, à la prochaine pour le récit du pillage de la Touraine et peut-être même notre épopée jusqu’à Reims. Mais pour l’heure, je vais me faire une petite camomille, me mettre sous une couverture et foutre mes pieds dans une bassine d’eau chaude –je t’en foutrais des camomilles moi, une bonne bibine oui !!

B. dit Le Joker, Receleur de Provence
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MessageSujet: Re: Le Receleur de Provence   Le Receleur de Provence EmptyLun 11 Nov 2013, 16:20

Remis de son léger rhume, Le Joker pensa qu’il était peut-être temps de rajouter une page à son journal. Ca faisait plus d’un mois qu’il ne s’était pas penché sur une feuille pour y écrire un condensé de ses aventures et ses lecteurs étaient sans doute malade de ne pas savoir comment s’était déroulée la prise de la Touraine, certains étaient peut-être même tombés dans la dépression ou s’étaient probablement donnés la mort…

Le Receleur de Provence revint donc à la Grotte pour s’assoir tranquillement devant une page blanche, une pinte bien fraîche prête à l’emploi et une plume à la main.


Citation :
Bon ! Servez-vous une tisane pour le mal de crâne parce que ça va envoyer du lourd et du chiant, alors accrochez-vous à vos frocs les lecteurs !

Lors de ma précédente intervention, je vous ai raconté la mort de mon ami Tik, mon séjour interminable en prison et j’ai conclu en évoquant le nouveau plan du Renard : la prise de la Touraine.

Il m’avait plus contacté pour ma présence en tant qu’assaillant que pour mes qualités de receleur, mais l’idée de prendre possession d’un duché me bottait bien. Puis j’allais pouvoir me gaver de marchandises gratos que j’allais refourguer aux duchés et comtés voisins en faisant un max de bénef’ ! Et fallait voir le monde qu’il avait sollicité L’Renard, j’allais rencontrer du monde et me faire un paquet de nouvelles relations chez les bandits. Et faut bien se mettre dans la tête qu’en règle générale, un brigand préfère toucher du pognon plutôt qu’une quantité pharaonique de marchandises –à part ce bougre de Briseys qui s’est payé la plus grande garde-robe de tous les royaumes !-

Bref, ce pillage était bon pour moi. J’allais rencontrer du monde, prendre ma part du butin et racheter tout un tas de bricoles aux autres bandits.

Je n’ai absolument pas participé à l’organisation de ce coup, seul Le Renard et Briseys savaient exactement ce que nous allions faire et quand est-ce que nous le ferions, pour ma part je me contentais de suivre le pas. On s’était tous retrouvé en Bourgogne avant de filer en Touraine tous ensemble –même si certains étaient déjà à Tour depuis un moment pour faire du repérage et s’infiltrer en ville.

En Bourgogne j’étais assez connu, pour ne pas dire « très populaire » -en toute modestie. J’ai longtemps œuvré là-bas comme bienfaiteur… Je fournissais de la viande pas chère à l’armée, viande que je rachetais à un groupe de brigands sévissant dans le Berry pour encore moins chère. Bien entendu, mon nom était black-listé dans ce duché et les accords que j’avais passé avec certains capitaines de garnisons et autres membres de l’Etat-Major ferait pâlir les hauts dignitaires bourguignons. Et ouais les gars, vos soldats ont longtemps été nourri par le Receleur de Provence, ah ah ! Il s’en est d’ailleurs fallu de peu pour que je siège au conseil bourguignon à une certaine époque. Dommage que ça ne se soit jamais fait, j’y aurais foutu un sacré merdier !

Mais bon, ce n’est pas vraiment l’histoire qui nous intéresse aujourd’hui. D’autant que chronologiquement parlant je m’égare puisque cette histoire de conseil de Bourgogne est arrivé bien après les faits que j’expose aujourd’hui. Ceci dit, si je veux que ce récit soit aussi illisible et aussi chiant que possible, il faut bien que je me perde en digressions et autres parenthèses anachroniques non ?! Bon.

On était donc en train de se dorer la pilule en Bourgogne, à écumer les tavernes en sirotant des vodkas redbull (encore un anachronisme ?) bouteilles de Nuits-St Georges pendant que nos deux chefs de groupe se creusaient la soupière pour trouver une issue de secours après le pillage. Et je ne sais pas lequel de Bris’ ou du Renard a eu l’idée lumineuse de fuir en Champagne après le coup de Tour, dans le but de piller le duché royal et d’assoir nos jolis petits culs sur la plus haute marche de la société française !

Le jour de l’assaut de Tour, on était probablement une bonne trentaine. Je crois d’ailleurs que c’est ce jour-là que j’ai rencontré l’une de mes grandes amies : Satyne. Même si aujourd’hui je me demande si je n’aurais pas mieux fait de me péter une jambe ce jour-là… M’enfin, je développerai le cas de cette chère petite après le récit de la prise de Reims. D’ailleurs Satyne, si tu lis ce récit, je t’embrasse bien fort !

L’assaut était réglé comme du papier à musique –organisation Renard/Briseys oblige. On est arrivé en pleine nuit, armés jusqu’aux dents, chacun savait exactement par quelle porte il devait entrer, tout le monde s’est fait discret –à l’exception des Bourrins évidemment !- et on a massacré tout ce petit monde. Les gardes, les aristos, les femmes, les enfants, les chiens, les chats, les rats, les tomates, les boniches, TOUT. On a foutu le feu à la moitié du domaine agricole, et on s’est rempli les poches d’or et de marchandises. On leur a tout pris à ces salauds, il leur restait plus un radis. L’étendard qui flottait au-dessus du château n’était plus celui du duché, de la royauté, de la « justice », de l’armée, de la noblesse et mon cul sur la commode ; c’était celui de ceux que l’on appelait désormais « Les Pègres ».

Aaaaah Les Pègres, un groupe d’irréductibles gaulois résistant encore et toujours à l’envahi… Ah non ça c’est autre chose.

Les Pègres c’était un groupe de Grotteux, où chacun avait un rôle à jouer mais où personne n’était indispensable. Chacun proposait ses services et ses compétences aux autres, on se sollicitait mutuellement, comme une bande copains qui bosseraient ensemble, on voyageait toujours ensemble, au moins par groupe de cinq et si y’en avait un qui avait besoin de prendre l’air, il prenait son indépendance quelques temps. Nos réunions étaient rythmées par les organisations de « gros » coups et les fêtes organisées pour célébrer nos réussites. Les vieux comme moi parlent souvent de ce temps avec nostalgie en accompagnant leur discours d’un sempiternel « c’était le bon temps », en oubliant peut-être que si ce temps est révolu c’est parce qu’à une époque on a peut-être était trop élitiste, ne laissant pas aux jeunes l’occasion de gouter à cette vie. Cela dit, je ne peux pas non plus jeter la pierre que sur ma génération, les nouveaux bandits n’ont pas cette envie et ce talent qu’avaient des mecs comme Briseys, ou L’Renard à leur époque, voir même Serra à sa manière. On manque cruellement de jeunes ambitieux aujourd’hui. Et le peu qu’il y a veut tout, et tout de suite.

La prise du château de Reims est à mon sens un protocole à suivre pour tout jeune brigand qui a un peu de talent et d’ambition…

Après notre succès en Touraine, on a foutu le camp rapidos en Bourgogne pour éviter de se faire choper par l’armée. Au pays du raisin, j’ai graissé quelques pattes chez les militaires bourguignons et au conseil, histoire de pas avoir trop de désagrément lors de notre traversée du duché puisque qu’à ce moment-là en Bourgogne, ils menaient ce qu’ils appelaient une « campagne ducale ». Une armée d’une trentaine de bonhommes, dirigée par leur général sillonnait le territoire  pour dégommer tous les bandits qu’ils croisaient sur les routes. Ils avaient leur petite liste avec les noms et description des cibles, et des qu’ils en voyaient une c’était une boucherie. Il va sans dire que nos noms étaient tous sur cette liste après notre coup d’éclat à Tour et qu’il a fallu débourser un gros paquet pour que nos noms soient momentanément effacés de cette liste.

Les plus curieux d’entre vous se demandent sans doute comment une telle action est possible. Ce n’est pas bien compliqué. Leur armée était composée d’une trentaine de soldat qu’il fallait nourrir quotidiennement et solder. Le logisticien de l’armée m’avait expliqué qu’il payait ses soldats une miche de pain et 10 écus ou une viande chaque jour. Ils passaient environ dix ou quinze jours en campagne donc il lui fallait environ 500 miches de pain pour nourrir tous les soldats et environ 5000 écus pour les payer. N’ayant pas suffisamment de pains à leur vendre, -j’en avais une centaine-, j’ai vendu au prix le plus bas des pierres et du fer au duché afin d’avoir un peu plus de liquidité et les bonnes grâces de certains membres du conseil, j’ai acheté tout le pain du marché de la ville de Cosne –pour 6 écus pièces, autant dire que je me suis fait arnaquer- et je l’ai revendu à l’armée ducale. A ce moment je pense que j’avais vendu pour environ 300 pains –à 2 écus pièces !!- et une dénommé Pink qui avait participé au pillage de Tour à vendu le reste de pain qu’elle avait pour compléter. Si on considère que le duché a fait de gros bénéfices avec le rachat de mes pierres et de mon fer, et qu’on leur a vendu pour rien la nourriture des soldats, on peut dire que Les Pègres ont financé la campagne ducale du Général Erikdejosseliniere, célèbre pair de France aujourd’hui –et ouais je lâche des blazes ! Bravo, c’est du propre. On prétend débarrasser la Bourgogne des bandits et on finance ses soldats avec le butin d’un pillage… Non là je suis mauvaise langue parce qu’Erikdemachinchose n’a jamais su la provenance exacte des marchandises puisqu’on s’était arrangé avec le logisticien de l’armée qui n’était un grouillot de l’OST.

On a donc traversé la Bourgogne sans souci direction la Champagne.
Et parti comme c’est parti, je pense que ce récit est déjà assez long. Je le conclurai donc en vous exposant les réelles motivations du Renard et de Briseys lorsqu’ils disaient vouloir prendre le château de Reims. A la base, l’un comme l’autre voulait de l’or. Je connais Briseys depuis des années et du plus loin que je me souvienne, il a toujours été riche. Plus ou moins, mais il a toujours était plein de pognon. Quand j’ai connu le Renard, c’était un gamin ambitieux qui n’avait rien, mal fringué, pas très propre et qui était attiré par l’argent. Après les coups de St Bertrand et de Tour, en plus de ses petits rackettes et des combines de recels dans lesquelles je le faisais participer, lui aussi était riche. Peut-être pas comme Briseys parce qu’à cette époque-là il était vraiment plein aux as mais il n’était pas à plaindre. Alors qu’est-ce qui pouvait bien motiver ces deux types déjà plein d’or, vivant dans le luxe le plus absolu, renommé dans tout le royaume et craint dans tous les duchés ? Je n’ai pas la réponse à cette question, mais pour avoir fréquenté quotidiennement les deux énergumènes pendant toute leur apogée, je pense sincèrement que ce qui motivait Briseys, plus que l’or, c’était tout simplement de foutre le bordel quelque part, de tuer des gens et de prendre ce qui ne lui appartenait pas. LE brigand à l’état pur… Tenez, petite anecdote pas dégueux : y’a un an environ, Briseys arrive à faire croire à la France entière qu’il s’est rangé, qu’il est rentré dans le droit chemin etc, il arrive à se faire élire sur une liste comtale dans le Rouergue là où j’habite, il est élu pour siéger au conseil comtal –le mec a pourtant un CV qui refroidirait n’importe qui-, il gagne la confiance de tout le monde et arrive à se faire nommer Commissaire au Commerce –à ce point c’est du génie- et est arrivé ce qui devait arriver, il les a dépouillé. Il s’est foutu tout un tas de marchandises dans les poches et s’est tiré avec les biens du comté. Avec le consentement de tout le monde, c’est là où le mec est fort ! Bris’ si jamais ça te plait pas que cette anecdote figure dans mon récit, t’as qu’un mot à dire et je la vire…
Toujours est-il que cette histoire vous montre bien ce qui peut motiver Briseys. L’or et foutre le bordel en trompant son monde. Ce qui est tout à fait louable. Le Renard quant à lui avait une motivation un peu plus chevaleresque je dirais. Lui qui était parti de rien a toujours voué une haine viscérale envers les puissants qui s’autoproclament au-dessus des autres en usant du prétexte du droit divin. C’était le cas du bon roi de l’époque, le Roi Lévan qui vivait à Reims en Champagne, domaine royale. Pour Le Renard, l’or n’était plus la motivation principale. Je pense même que ce n’était plus une motivation du tout. Ce qu’il voulait c’était faire tomber le roi du trône sur lequel il s’était mis et qu’on le cite comme celui qui était parti du plus bas pour arriver au plus haut…

Pour ma part, ce qui m’a motivé à aller à Reims, c’est un peu un mélange de tout ça. Gagner de l’or évidemment puisqu’on racontait que c’était le duché le plus riche. Foutre le bordel quelque part, c’est une évidence. Et surtout montrer à la France que Les Pègres avaient pris le pouvoir. Tout ceci bien entendu, dans le but de faire tourner mon affaire de recel qui a toujours été ma principale occupation. Quelle meilleure pub pour mon business que de voir mon nom en gros suivi de la mention « dit Le Receleur de Provence » cité dans l’AAP après le dénouement de notre assaut à Reims. Faire partie du Top 10 des plus grands brigands de France pendant sa carrière, c’est un sacré coup de pied au cul. En fait ma motivation c’était ça, être reconnu comme un grand brigand alors que je n’étais que receleur…

Prochainement, il vous sera raconté par votre serviteur, la prise du Duché Royal par Les Pègres, autrement dit, le plus gros coup jamais réalisé dans toute l’Histoire du brigandage.

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