[RP] Les chroniques d'un salaud.

SHCRACK !

Un violent coup de masse vint retourner la tête de Mathhias, qui eut à peine le temps de couiner avant de s'effondrer dans la fange. C'avait été un chouette type. Le genre qui se balade les poches pleines tout en refusant de se payer une escorte. La veille, il s'était bourré la trogne avec un gars quelconque, et n'avait su masquer sa large bourse en payant sa tournée. Tandis qu'il se remplissait le gosier sous des litres de bière, l'autre homme était rapidement devenu son ami, et ils s'étaient mis d'accord pour cheminer à deux jusqu'en Bourgogne. Ils avaient même sauté une gagneuse ensemble. Mais le petit gars, trop naïf, n'avait pas su déceler cet éclat vicié qui faisait briller les prunelles de son compagnon. Une fois à l'extérieur de la ville, la nuque du généreux voyageur avait fini par se briser sous le poids d'une amitié trop intense...

Citation :: Vous avez racketté Mathhias qui possédait 230,15 écus et des objets.

Un rictus mauvais déformait le visage du Faucheur, tandis qu'il retournait sans ménagement le cadavre pour s'emparer de son butin. Ses doigts étaient gelés, mais il sut délacer la bourse pour contempler la petite fortune que le défunt trimballait avec lui. Cela faisait quelques temps que la vie ne lui avait plus fait de cadeau, et sa tête en témoignait largement. Ses traits, brutaux, enlaidissaient un visage sale dépourvu de sa noblesse passée... Il n'avait plus comme arme qu'un gourdin grossier, et se mouvait plus lentement qu'à l'accoutumée à cause de ses récentes blessures. Le brigand semblait bien misérable, mais il n'en était pas moins dangereux. Depuis quelques temps, il faisait profil bas pour ne plus se faire lyncher par les patrouilles armées, et marchait vers le sud dans l'espoir de se faire oublier pour de bon. Ce coup de pouce lui permettrait de progresser plus vite, une fois qu'il aurait fait le plein de bouffe...

[Deux mois plus tard...]

Natorias poussa un juron. Une pluie diluvienne, parfois mêlée de grêle, lui martelait le crâne depuis des heures sans lui laisser le moindre répit. Il pataugeait dans la boue, peinant à chaque pas, serrant les dents alors qu'un vent glacé secouait le mince capuchon brun qui lui couvrait la tête. Des semaines qu'il avait quitté le dernier bouge et avançait en solitaire, limitant ses rencontres aux malheureux passants qu'il transformait en proies. Sans le froid, peut-être qu'il aurait pu s'en accommoder... mais là, ses testicules commençaient sérieusement à geler. Il avait besoin d'un foutu feu, d'une bière et d'une donzelle à honorer.

Lyon ferait l'affaire.

D'après les papiers miteux qu'il considérait comme ses cartes, la ville n'était plus qu'à une dizaine de lieues. On ne le connaissait pas, là-bas, et il passerait aisément les portes... même avec une gueule de raclure comme la sienne. Peut-être même qu'il pourrait monter une équipe, pour éviter d'se coltiner seul le fardeau de ses prises. Des années qu'ils n'avait pas eu de réel coéquipier. Celle qui s'en était le plus approchée avait fini par mettre les voiles lorsqu'il avait tenté de l'agresser. Elle en avait gardé un souvenir sur la cuisse, et lui, un puissant désir de la retrouver pour terminer la besogne qu'il avait entamée. Il finirait par la revoir. Tôt ou tard. Cette simple pensée le fit sourire à nouveau...

La cadence de ses pas s'accéléra sensiblement.