[RP] Margot !

- Ventre Dieu ! Pas moyen de récupèrer cette chemise. C'était pourtant de la belle ouvrage, que j'avais emprunté chez la comtesse, un soir où elle se vautrait dans le lit du prévôt. Du si beau lin, morbleu, quel gâchis. Ce salaud a saigné comme un porc. Déjà qu'il n'arrivait pas à me besogner à son aise, j'vous jure, pas drôle tous les jours, d'être brigande.

Je l'ai abordé en taverne. Il était sur de son charme le pauvre hère. Il minaudait, souriait , m'inondait de compliments plus niais les uns que les autres.

- Votre peau attire la caresse, vous devriez tresser votre chevelure et vos yeux clairs, comme j'aimerais m'y noyer,
qu'il disait le bougre.

Non mais, j'te jure, n'importe quoi ! Tresser ma crinière. Manquerait plus que ça, ressembler à ces donzelles qui mêlent des fleurs dans leurs nattes et qui piaillent dès qu'on leur touche la main. Pas mon genre, ça.
Quand à se noyer dans mes yeux, hé hé !!! croyait pas si bien dire le pauvre.
Quelques sourires ont suffit. J'ai doucement fait glisser mon corsage , dévoilant mon épaule et quand je l'ai senti assez chaud, j'ai rougi deux ou trois fois. Baissant les yeux... jouant les effarouchées. Alors, il est devenu fou. Le poisson était ferré, pris dans les filets.....

Son attelage était plutôt coquet. Bien sur , il m'a proposé une promenade en forêt. J'ai fait semblant d'hésiter. Bien sûr, en chemin il a pris ma main et j'ai pressé ma cuisse contre la sienne.
Il a renvoyé son laquais, disant qu'on rentrerait plus tard. Je me suis retenue de sourire. L'oiseau était entré dans la cage. Je lui ai fait les yeux doux et puis ensuite, à force de caresses, je l'ai fait grimper au ciel, sur ses coussins de velours .
Il besognait rude , faut l'avouer. La cicatrice sur ma joue, semblait l'exciter au plus haut point. Toujours, il y revenait. Du doigt ou de la bouche.....
- Ah , coquine, tu me fais mourir de plaisir ! Aaaaah ! Hummmm !

Croyait pas si bien dire, le brave homme.
Quand je l'ai senti prêt de conclure, j'ai tiré ma dague de ma botte. Et là, d'un geste rapide et sur, je l'ai planté.

Et voilà, me voici à présent avec une chemise fichue, pleine de sang. Irrécupérable. Foutre Dieu ! Heureusement que son escarcelle était pleine.
Et puis , dans le coffre qu'il transportait avec lui, ce magnifique fermail en argent et cette ceinture de perles qu'il destinait à sa régulière. J'en tirerai bien une bonne poignée d'écus.

Allez, j'vais me décrasser à la rivière ! Plutôt satisfaite La Margot en ce jour ! Les gueux triment mais les nantis ont encore de quoi dans les braies et dans les poches !

Es-tu déjà passé par
La croisée des hasards
Pour oublier le mot prévoir
Faire déraper l'histoire
Ca fait peur au plus vaillants
Lorsqu'on entend au dedans
Que le bruit du hasard


Plus tard, au coin du feu, quand ils se souviendraient de ce jour là, ils auraient tous la même phrase pour raconter l’histoire :

- La faute à la neige.

Bah oui, essayer donc de labourer un champ de blé recouvert de neige.
Ou bien d’entrer dans une des galeries de cette fichue mine alors qu’un immense congère en bloque l’entrée.
Essayez donc de cueillir des fruits gelés sur les branches alors que votre échelle menace à chaque instant de glisser .
Pas moyen de couper du bois non plus, quand à se cailler les miches au bord d’un lac gelé. Vous comprenez pourquoi ce matin là, ils choisirent la route.
Celle qui mène à nulle part, celle qu’on prend au hasard.
Et c’est comme ça qu’ils se retrouvèrent tous à la croisée des chemins.

- On prend à droite ?

- - Ah non, c’est à gauche

- Pffff, j’ai froid moi ! besoin d’un alcool fort, d’une soupe chaude

Assise sur une vieille souche d’arbre couchée, dissimulée derrière un fourré pour se protèger de la bise, la Margot, visage entre ses mains, coudes sur ses cuisses vêtues de cuir, bougonnait dans le matin naissant.

- Bon, on fait quoi ?
On s'fait un passant ?