[RP] La p'tite boutique des horreurs

De retour d'une longue excursion.

L'Osselet était content de revenir a ce semblant de chez lui. Apres une semaines sur les chemins sans gagner grand chose, il avait bien besoin d'un peu de repos. De plus, toute sa résérve d'alcool était épuisée, et il se sentait vraiment malheureux..

Le gosse qu'il avait payé pour veiller sur sa tente semblait n'avoir jamais mis les pieds ici. Il allait devoir le retrouver pour lui infliger une bonne correction.. L'endroit était un vrai bordel, mais heureusement, les bocaux et les parchemins était intact... La superstition des brigands lui avait sauvé ses affaires. Il régnait une drôle d'odeur.. De Sage Femme. L'Osselet se dit qu'une de ses fioles devait s'étre brisée. Mais pour le moment il s'en foutait. Tout ce qui l'intérréssait était la bouteille de Bordeaux Royale dissimulée dans un coin.

Glissant sur un liquide visqueux et gluant, il réussit tout de même a atteindre tant bien que mal la bouteille, qu'il déboucha d'un coup de dent et s'envoya la moitié d'un trait..

-Hé ho ! Hé ho ! Z'étes qu'une bande de manchots !
Tous Sales ! Tous gros ! Y'en a pas un qu'est beau !

C'est en chantonant cette douce mélodie que l'Osselet revenait tranquillement d'une longue absence.
Une nouvelle fois, son sortillege -ou plus vraisemblablement, la superstition des brigands- s'était révelé efficace. A part un poivrot allongé a l'entrée devant l'ecriteau, dans lequel il mis plusieurs coups de pieds en rythme avec sa chanson, personne n'avais osé s'approcher de son domaine.
Il avais été absent longtemps, et il fallait renouveler son stock d'ingredient, en plus de rénover sa tente qui avait été malmené par l'humiditée ambiante de la grotte, mais il se sentait d'humeur a le faire. Le metier de sorcier était celui qu'il preferait le plus au monde, meme s'il ne permettait pas vraiment de vivre a l'aise.

L'Osselet était pret a reprendre son buisness. La p'tite boutique des horreurs réouvrait ses portes...

L'homme au chapeau ne s'annonça pas. Ou plutôt si, il commençait déjà à gueuler à peine la tente du sorcier dans son champ de vision. Il ralait et pestait tout en agitant un objet dans ses mains. Un pauvre bougre tituba devant Serra et il se retrouva le cul sur le sol humide, l'air complètement ahuri de s'être fait bousculer alors que pour une fois, il ne cherchait pas d'embrouilles. Serra s'arrêta à côté du malandrin imbibé d'alcool qui le fixait avec des soucoupes pleines d'incompréhension.

- Désolé l'gueux. C'est pas envers toi que j'râle en plus hein. Nan c'est l'autre scélérat qui concocte des mixtures pas buvables. Sérieusement, c'est pas toi hein... Mais là, j'suis vraiment énervé.

Comme pour ponctuer sa phrase, Serra envoya un coup de pied qui s'écrasa sur la mâchoire du type. Celui-ci bascula en arrière et s'étala sur le sol comme une marionnette désarticulée alors que l'auteur du coup se plia en deux comme s'il était pris d'une douleur vive. Le son que produisit le crane heurtant la roche n'avait pas encore terminé de se répercuter sur les murs que la tête sous le chapeau se tournait déjà vers la tente de celui qu'on nommait Osselet.

Arrivé à deux pas de l'entrée, l'homme au chapeau gueula :

- J'me nomme Joan Sala i Ferrer ! Serrallonga qu'on m'appelle par ici et ailleurs, le plus souvent ! On s'est pas encore rencontré mais j'ai entendu parler d'toi et d'tes affaires ! Alors tu vas sortir rapidement ta carcasse encore en vie de c'fourbi et tu vas m'dire ce que contient c'tonnelet et si c'est toi qui l'a laissé trainer dans l'coin !!

Joignant le geste à la parole, Serra envoya le fameux objet qu'il tenait dans les mains, et qui était effectivement un petit tonneau, au sol. Celui-ci rebondit quelques fois sur la roche et l'on pouvait constater au bruit qu'un liquide était encore à l'intérieur.

L'absence de clients ne dérangait absolument pas l'Osselet. Au contraire, elle lui laissait le temps de se consacrer a l'étude de ses grimoires... Et de pratiquer sa connaissances des vins. Apres tout le travail qu'il avais accompli, a renover la tente et a chercher ses ingredients dans les endroits les plus improbables du pays, il sentait qu'il avait mérité une petite pause.
C'est donc en emergeant d'un someil alcoolisé, une gueule de bois carabiné en bonus, que le vieux malfrat etait sur le point de reçevoir cette visite.

L'Osselet venait enfin de réussir a se mettre en position assise. Il était sur le sol de sa tente, entouré de cadavres de bouteilles.. Dehors, un boucan infernal lui envoyait des ondes de douleurs sous le crâne, et le bruit semblait se rapprocher de plus en plus..

-Boudiou d'Boudiou... L'boucan d'tout les diables ! Ca peux pas etre l'aut' bande de démons ! Y sont encore pas censés venir me chercher avant au moins cinquante ans... Tsss, j'ai l'contrat ici quelque part j'vais leur montrer moi...

Mais plus il se réveillait, plus il se rendait compte que le bruit ne provenait pas des profondeurs de l'Hades, mais bien d'un etre humain.
Le vieux charlatant avait la tête qui tournait, il ne voyait pas tres clair, et ne comprenait pas la moitiée de ces cris qui lui semblaient adressés.
Doucement, il se leva, ramassa son baton, et sortit de la tente. Il se retrouva nez a nez avec un homme. Chapauté. Presque aussi vieux que lui. Sentant qu'un flot de bruit allait sortire de la bouche sous le chapeau, il leva prestement la main :

-ChhhhhhhhhhhhhhhHHHHHHHHH ! Pas si foooooooooooooooooort....

A l'exterieure de la tente se trouvait une bassine remplie d'eau croupie, qui passait pour un abreuvoir. Le viellard y enfonca la tete. Jusqu'aux épaules. Apres un long moment, il ressortit brusquement sa tête, la rejeta en arriere, et passa une main dans ses cheveux graisseux.

-Paskeuh je le vaut bien !

Ravigoré, il reporta son attention sur l'homme, et essaya de reconstituer ce qu'il venait d'entendre. Serrallonga... Oui, il le connaissait. De réputation. C'était une grande ponte de la Grotte. C'était même le seul qui avais une réelle autoritée ici bas.. Apres l'bon dieu bien sur ! Pourquoi est ce qu'il n'attirait que les grands caids ? Tout ce qu'il voulait lui, c'était des bandes de gueux superstitieux...
S'essuyant le nez d'un revers de main, il mis son baton de coté, s'approcha du tonneau désigné et l'examina distraitement pendant un moment. Puis il l'ouvrit, recula legerement la tête devant la mauvaise odeur et renifla doucement... Le liquide n'était pas vraiment frais. Ni a l'odeur, ni a la vue...

-C'pas un des miens mon gars. Chui pô moine, j'utilise pas c'genre de récipients. Quant a son contenu... Me semble que ce soit rien de plus que d'la biere legerement avariée. Encore buvable... Renifle de nouveau. Ouais, d'la b.. Attend.

Sous l'odeur de la pourriture se cachait une autre odeur, bien plus subtile. Des années dans le domaine avait donné a l'Osselet le don de reconnaitre les differentes odeurs et mixtures. Mais il n'arrivait pas a mettre le doigt sur celle la... Il invita Serra a rentrer d'un geste, vida la table sans cérémonie, et déposa le tonnelet dessus, pour un examen plus approfondi.

-T'en a bu ? Ou bien tu connais quelqu'un qui l'a fait ? Tu t'sent bizarre ou different ?

Serra n'en revenait pas. Le bougre venait presque de lui demander de la fermer. Certes il avait une mine à donner des cauchemars interminables aux gamins et n'avait de frais que... nan même son nom donnait une image de vieille chose toute rabougrie. Bref, même avec un plongeons dans l'eau stagnante, le vieux briscard de la truandaille n'en paraissait pas plus réveiller. Le sorcier ouvrit le tonnelet et c'est alors que l'odeur s'échappa. Serra eut un haut-le-coeur quand les effluves arrivèrent jusqu'à lui et son ventre se manifesta de nouveau... Il avait de la chance de ne pas être à l'origine de cette mixture car sinon... Haaa... Saleté de bide en vrac!...

Après l'avoir suivi, Serra commença par répondre au question de l'Osselet. P'être qu'il aurait un remède et surtout une explication sur la provenance de cette mixture infâme.

- Comment ça de la bière ?! J'comprends rien... Ca n'a pas l'goût pourtant... HA bah car j'en ai bu figures toi gros malin ! En fait, on est deux à en avoir ingurgité... L'autre, il a gardé le liquide dans la bouche pour bien l'goûter... Et puis il y est allé sur la dose hein ! Résultat, il a une langue qui vire sur le violet, des boutons dessus et en prime elle a doublé de volume ! ... Bon pour le violet et les boutons, j'peux pas t'dire si c'était d'avant ou pas hein...
De mon côté, j'ai avalé ça comme un médoc. Du coup, direct dans l'bide. Maintenant, j'ai l'impression qu'le liquide cherche à faire des trous pour ressortir par n'importe quel moyen... Ca fait deux fois que j'pourris un coin d'grotte pour évacuer mais rien n'y fait. Ca continue d'brûler.

L'homme au chapeau fait une pause pour regarder les réactions de son interlocuteur. C'est pas qu'il était inquiet... m'enfin bon. Il avait pas envie de pourrir de l'intérieur quand même.

L'autre m'a dit que les p'tits fruits qu'il avait dans l'fond d'sa chope ressemblait à ceux du ... rhaa comment qu'il a dit déjà.... para... patcha... patachou... Naannn... patxaran ! Ouais voilà ! Du patxaran... Parait qu'ces fruits là, ça rend fou si on les mange. Mais bon... On les a pas mangés hein !

Mais bien sur que ce n'était pas de la biere ! Comment avait il pu faire une telle erreure ?! Poussant un juron l'Osselet mis courageusement le doigt dans la mixture et gouta du bout de la langue, pour ensuite envoyer un gros molard par l'entrée de la tente.
Il renifla une nouvelle fois l'infâme brevage et en approcha une bougie.
Ce n'était pas evident a premiere vue, probablement a cause de la pénombre dans la tente, mais il y avait bien des fruits au fond du tonneau. Le vieux brigand enfonça sa main dans le tonneau et en ressortit un. Petit, rond, et violet.
C'était bien ça. Du Patxaran. Avarié bien sur, mais facilement reconnaissable. Mais il y avais toujour cette autre odeur... Il l'avait sur le bout de la langue... Soudain, la lumiere se fit dans son esprit. Il jetta un regard a son invité, visiblement anxieux, et se dirigea vers l'etagere ou il stockait ses ingredients.

-T'as bien raison mon vieux. C'est bien du Patxaran. Mais il est plutôt périmé. Et déja quand il est bon, c'pas trop conseillé pour le Bide... Mais y'a aut' chose dedans. Et d'ailleur j'me demande ou tu l'as trouvé l'tonneau pask apparement il a été empoisoné. Ca s'peut qu'ce soit par accident, mais en tout cas y'a d'la Cigue dedans. C'un truc qu'y utilisent les nobliauds pour s'tirer dans l'aut' monde quand ils ont en marre de boire du thé et de s'habiller comme des poupées. C'est ca qui agrave tes p'tits problemes de ventre.. J'pense pas que ton pote vas s'en tirer, mais rassure toi, j'pense pas que t'en ai pris en quantitée suffisante pour qu'ca dépasse le stade de problemes de ventre. Tu vas passer une tres mauvaise nuit par contre.. Pour l'moment, tout c'que j'peux faire pour toi c'est ca.

Il lui montra une petite flasque, qu'il posa aussitôt sur la table, a coté d'une bourse remplie de feuilles séchés.

-Du Laudanum. Avec ca tu vas plus rien sentire du tout. J'pense que c'est ca que tu veux l'plus en s'moment n'est ce pas ? Les feuilles, c'est de l'Alchemille. Fait en une bonne tisane et avale d'un coup, pask c'pas bon. Apres ca, va t'allonger et ca devrait te passer... Sinon, reviens, ou envois moi quelqu'un, et on verra ce qu'on pourra faire d'autre...

Sa main glissa sur le manche d'un couteau qui gisait la.

-...Bien sur, les payements, c'est a l'avance...

Peut etre qu'il se faisait vieux, et qu'il n'y avait pas vraiment de Cigue dans la mixture, mais ca ne changait pas grand chose de toute façon. On n'en traitait que les symptômes, et le Laudanum était efficace pour le ventre. Et puis, des clients effrayés étaient plus enclins a payer..

Un grand sourire de salaud s'était affiché sur son affreux visage.

alors deux, trois, ... dix, douze ... Deux minutes qu'il attendait dans l'entrée de la boutique, à compter et recompter les dents manquantes du maître des lieux. Maintenant qu'il était sûr que ce n'était pas cet homme qui avait profané le Patxaran Sacré, il pouvait lui demander son aide. Il finit par signifier sa présence d'un claquement de langue.

Hem, le "pote" s'en est tiré figure toi. Et si être soigné par toi ne m'enchante guère, j'ai un autre service à te demander.

Et, se tournant vers Serra :

Le laudanum, je te le conseille pas. Ca plus les prunelles du patxaran... Enfin, tu fais comme tu veux. Mais l'alchemille il a pas tort là-dessus, on m'en a refilé pour ma langue, avec de la sauge. J'en ai chié, mais ça a dégonflé.

Lo Mandra sortit un petit paquet de tissu de son barda et le posa sur la table, devant le chapeauté. Il reporta ensuite son attention sur l'autre.

Sorcier, j'ai besoin de ton aide. J'imagine que je devrai payer ?

Tout concentré qu'il l'était, le Viellard ne remarqua pas la présence de l'acolyte, jusqu'a ce que celui ci se déclare. Il se retourna vivement vers lui au moment ou il prit la parole.

-Hem, le "pote" s'en est tiré figure toi. Et si être soigné par toi ne m'enchante guère, j'ai un autre service à te demander.
-Tsss ! Et d'abord t'est qui toi ! Si, ca t'plait pas, t'as qu'a t'barrer, la porte c'est meme pas une porte, c'un bout d'tissu, et il est juste derriere toi !

Un eclair de fureur passa dans les petits yeux mauvais de l'Osselet, tandis que son nouveau visiteur continuait a critiquer son choix de remede. Il planta brutalement le couteau qu'il avait gardé a la main dans la table et recula en croisant les bras dans une attitude de défi.

-Tu t'débrouille mon salaud. Tu veux pas payer pour l'un ou l'autre, tu l'aura pas. C'pas la chapelle de l'abbé Pierre ici. Et j'm'en fout qu'tu veuille crever ou pas. J'voit l'argent, tu prend la marchandise. T'en veux pas, me fait pas perdre mon temps...

Mais il se calma un peu quand il vit que son second visteur était la pour affaires. Il examina le petit paquet avec curiositée, puis esquissa un petit sourire en coin a la question de celui ci.

-T'imagine bien mon gars. Ca dépendra du service bien entendu... Montre moi ce que t'as, et on discutera affaire...

Le sourire de requin était de retour...

Lo secoua la tête. Quelle tempête ! Il décrispa la main de sa lame puis la ressorti de sa besace.

Tss, j'ai pas d'argent, si tu veux savoir. Mais des infos, et d'autres petits truc que vous vous passez entre sorciers.. Tu vois de quoi je parle ?

Le fumeur de pipe attendit que la colère de son vis-à-vis retombe complètement, et prononça le nom maudit en essayant de garder son calme à son tour.

Anatole Warhenheim. Des trucs qui appartenaient à un certain Anatole Warhenheim, ou que'q'chose dans le genre. Tu vois qui c'est ? Parait qu'il est très bon dans son domaine, me suis dit que ça t'intéresserai, non ? Je sais pas à quoi ça sert, ni ce que c'est que les bouquins qui m'alourdissent mon barda depuis plusieurs jours, mais ça doit servir. Je te le propose en échange de presque rien.

Il retint son soufflee, attendant la réponse de l'autre.

L'attitude du viellard changea quand il entendit la proposition. L'argent était important, mais il y avait des choses qui l'étaient beacoup plus. Des choses que l'Osselet considerait comme des sources de puissance et de richesse. Il était lui même presque aussi superstitieux que les gueux qu'il avait l'habitude d'embobiner, et jusqu'a un certain point, croyait en la magie, et aux remedes de sorcier.

Il fixa le paquet un long moment. Anatole Warhenheim ? Avait il entendu ce nom déja quelque part ? Il n'en était pas sur. Peut etre sa vielle mémoire lui jouait des tours ? Peut etre qu'il était lui meme en train de se faire embobiner ? Mais il s'en foutait. La curiositée avait repris le dessus. De toute façon, si les objets se revelaient des faux, il pourrait facilement retrouver son homme.
Sans sourire, il reprit la parole :

-Disons qu'ca m'interresse. C'quoi ma partie du contrat ?

Son visage était sérieux, ses yeux percants...

Il avait fait mouche, il le voyait. Enfin les vieilles diableries de l'Anatole pourrait lui servir à quelque chose, enfin, il l'espérait, il aurait un indice sur la cachette de ce rejeton de satan ... Enfin, si cet homme là le connaissait, rien n'était encore sûr. Il commença à se perdre dans ses souvenirs et les dizaines d'idées de vengeances qui lui avait traversé l'esprit...

Disons qu'ca m'interresse. C'quoi ma partie du contrat ?

Hein ? ah oui. Hm..

Sous le regard percent de son interlocuteur, Lo reprit bien vite une contenance. Il le regarda dans les yeux et lui présenta sa requête.

Et bien, faire marcher le réseau de tes connaissances, en tant que sorcier je veux dire, pour essayer de retrouver cet Anatole. Tu dois bien connaître du monde dans ta profession ?

Il pris quelques secondes de pause, puis :

Et si tu pouvais trouver celui qui a osé s'attaquer au patxaran aussi...