[RP]deux voix pour une lettre

L'œil pétillant et la démarche alerte, Vass entra dans la taverne en coup de vent, cet après-midi-là. C'est qu'elle avait un truc à faire, et qu'il ne fallait point remettre aux calendes...

- Salut la compagnie ! Tavernier ? Deux chopes, une miche, et on prendra la nappe !

Un coup d'œil à la table, de bois nu et de tâches, et elle se reprit :

- Ouais, ou la table...

Sautant sur un tabouret, elle jeta un regard circulaire sur la salle, avant de lâcher par dessus son épaule :

- Alors, potiche, on s'l'écrit, c'te pigeon ? Vrai qu'il faut l'annoncer, notre arrivée prochaine...

Elle mordilla sa lèvre un instant, cherchant l'inspiration.

- Que dis-tu de commencer comme ça : "Chères Uzéroises, chers Uzérois..." ?

Les yeux dans le vague et un sourire rêveur aux lèvres, Vass écoutait son amie causer. Tristote, que c'était bô, tout ça... Elle enchaîna donc :

- Ma phrase fétiche... ? "Je t'aime" ? Ah nan, tu parles de celle-là, oui...
Alors j'propose :

Jamais plus uzétiennes que le jour où nous avons quitté Uzès, nous revoila courant vers vous telles les enfants prodigues...

Et donc, nous v'la galopant sur les chemins, et droit vers vous... vous qui nous attendez, c'est sûr, à bras ouverts... Depuis le temps...

Et donc, on se disait, peut-être... Peut-être c'est l'occasion de faire une belle fête !

On ne peut vous cacher que dans nos petites têtes, on imaginait bien une jolie haie d'honneur... La Cerise en dentelle, l'Ahla enfarinée, la Lab et le Bruma plus amoureux qu'jamais, le Pouic dans sa robe blanche et le maire avec son radis des grands jours... Ce serait parfait. Une petite médaille, aussi, serait la bienvenue...
"Les Uzétiens reconnaissants à leurs ambassadrices"

Car oui, c'est ce que nous sommes devenues... Ambassadrices d'Uzès à travers les Royaumes, et jusqu'à la Bourgogne, vantant partout les mérites de la bière et l'accueil uzétien...

Aujourd'hui, dans chaque chaumière où nous sommes passées, on apprend aux enfants à reconnaître les berniques, les bulots, et autres coquillages qui hantent notre lavoir... Le "Bonsoir", le "bienvenue chez nous", et le "charmée de vous connaître", ont fait fureur partout et s'enseignent dans les cours du soir...

Mais les meilleures choses ont une fin, alors ben on revient. Loin de la source le ruisseau se tarit, et loin d'Uzès la potiche se ternit...

Préparez la fiesta, les copains, on revient !

Elle s'était levée, déclamant maintenant en circulant parmi les tables, piochant sur les lèvres quelqu'idée plus brillante, et dans les yeux quelques nouvelle image à ajouter à tout ça. Quand elle s'arrêta enfin, elle éclata de rire, et se tourna vers Nénu :

- Désolée, je m'emballe... Mais avec tout ça on devrait faire quelque chose, nan ? Tu vois des trucs à ajouter ?

Elle avait pris la plume quand Vass s'était levée pour partir dans une envolée lyrique. Nénu se mordait la lèvre inférieure pour rester concentrée, tentant de réprimer ses rires devant la grandiloquence et l'ampleur des gestes. Elle essayait tant bien que mal de noter toutes les paroles, sans en oublier aucune. La plume courrait sur le parchemin...
Faudrait qu'elle lui suggère la profession d'avocat, un jour... Le seul problème résiderait sûrement dans la robe... trop longue...

Mmmh... Un paraphe et c'est parfait.

Maintenant, il ne nous reste plus qu'à trouver un pigeon de compétition, élevé au grain non modifié, ayant toujours eu un résulat négatif aux contrôles douaniers... parce que sinon on sera arrivées avant notre lettre et ça serait dommage!

Un détail lui trottait dans la tête, pourtant...


[Plus tard, une fois le message attaché, le pigeon envolé et les choppes vidées]

Juste un truc qui me travaille là... Quand tu dis « loin d'Uzès la potiche se ternit... »
Tu parles bien de toi, n'est ce pas?
Parce que moi, je trouve que ce petit voyage m'a particulièrement bien réussi...

Se tournant vers le tavernier, pour éviter le regard noir qui s'ensuivrait :

Tavernier, la même chose!